Etape 2 de notre voyage à Mada, la
partie tourisme ! Nous sommes partis pendant 9 jours sur la N7
malgache, qui, comme la nationale 7 française descend vers le sud du
pays (de Tana, en plein centre de l'île, à Tuléar, qui se situe au
Sud Ouest). En 406 bleu, avec Jimy, notre adorable, souriant et très
intéressant chauffeur perso, nous avons arpenté les routes
malgaches pour découvrir les superbes et très diverses paysages,
les animaux et rencontrer les habitants.
Je fais une parenthèse quant au
chauffeur perso : vous vous en doutez, nous ne sommes pas
devenus riches au point de pouvoir nous payer notre chauffeur en mode
« PDG de l'Oréal se rendant à son jet ». Simplement,
comme vous l'avez compris dans l'article précédent, le niveau de
vie n'est pas exactement le même qu'en France (quand je dis
exactement, c'est un euphémisme..). Donc on payait notre chauffeur
l'équivalent de 26 euros par jour.. Sauf qu'on a appris en cours de
route que nous on payait 26 euros mais que son patron lui en donnait
3,30€, et qu'avec ces 3€30 il devait manger. Tous les jours
durant le voyage.. Donc à la fin, il ne ramenait pas grand chose à
la maison pour sa famille. Dans le même genre, une ancienne du
centre, qui travaille maintenant dans le tourisme, nous a raconté
les conditions salariales dans l'hôtel dans lequel elle travaille.
Elle est employée à la réception d'un grand hôtel de Tana qui
propose des chambres à 130€ la nuit (comme chez nous pour un
3étoiles donc, quand on voit le niveau de vie du pays c'est déjà
asssez affligeant) et qui en propose en plus à l'heure. Elle est
elle-même payée environ 75€, ce qui est bien étant donné que le
SMIC est de 36€ environ. Il y a environ 60 chambres dans l'hôtel,
et l'hôtel est rempli à 80% minimum toute l'année. Apparemment,
les patrons ont plusieurs maisons, et roulent sur l'or.. On ne se
demande pas comment c'est possible ! Pays dans la misère et
exploitation totale des employés donc.
Durant ce voyage, nous avons d'abord
découvert les paysages vert clair des rizières. Dès la sortie de
Tana, elles s'étalaient devant nous, en terrasses, à perte de vue.
Les gens commençaient à couper le riz, donc nous avons assisté à
pas mal d'étapes de récolte et de « préparation ».
Fred a même été dans une rizière couper le riz avec un malgache
qui a beaucoup ri et qui a bien précisé que c'était la première
fois de sa vie qu'un vazaha coupait le riz avec lui. Pour ceux qui
connaissent Fred, vous ne serez pas surpris !
Rizières en terrasse
Fabrication et exposition de camions en bois le long de la route
Fred, les pieds dans la rizière, ce qui fait beaucoup rire les agriculteurs !
La charrue dans les champs... Retour quelques décennies en arrière !
Transport du riz, puis séchage le long de la route
Une aigrette malgache dans la rizière (spéciale dédicace à papa Miche :-))
Le premier jour, à Antsirabé, nous
avons visité une fonderie pour apprendre comment ils fabriquaient
les marmites en aluminium. Assez impressionnant ! Un peu plus
tard, nous avons vu un atelier de fabrication d'objet en cornes de
zébu. Les malgaches fabriquent énormément d'objets de déco et de
bijoux en cornes, et l'ONG en ramène beaucoup pour en vendre en
France sur des marchés, alors ça nous intéressait beaucoup de voir
comment ces objets étaient faits ! Et c'était vraiment super.
Nous avons visité beaucoup d'ateliers artisanaux et à chaque fois,
nous nous sommes rendus compte de l'habileté et de l'ingéniosité
des malgaches. Ensuite, nous sommes allés visiter un atelier de
pierres semi précieuses, précieuses....
Fabrication des marmites
Découpage de la corne pour former un oiseau (remarquable utilisation des pieds n'est ce pas!), et en bas, le produit fini !
Deuxième jour, toujours à Antsirrabé
où nous avions passé la nuit, nous avons visité une fabrique de
bonbons artisanaux (chez Marcel, qui nous fait manger ses bonbons à
9heures du mat', ce qui s'est révélé être un peu hardcore, bien
que les bonbons soient délicieux et, ... naturels pour une fois!),
puis de petites voitures et vélos en boites de conserve et autres
matériaux de récup'. Visite très impressionnante car aucun des
matériaux utilisés n'est acheté, et à la fin le résultat est
bluffant !
Les vélos, voitures, taxis brousses en conserves et autres matériaux de récup'
Les pousses, une des spécificités d'Antsirabé!
Ensuite, départ pour Fianarantsoa,
avec étape dans la ville spécialisée des sculpteurs sur bois,
Ambositra. Visite d'un atelier de sculpture sur bois, evidemment !
Magnifiques sculptures et marqueteries. La marqueterie est une sorte
de « puzzle » de différents bois de différentes
couleurs (couleurs naturelles évidemment), qui sont découpés et
emboités pour former un tableau. Le résultat est impressionnant car
les formes sont parfois très petites et très précises et il y a
vraiment toutes les couleurs, même du bleu, et aucune teinture
n'étant utilisé, c'est incroyable. Nous avons beaucoup roulé pour
arriver le soir dans un hôtel qui nous a annoncé une mauvaise
nouvelle : le train (unique train de voyageurs du pays) que nous
devions prendre le lendemain pour descendre la vallée était en
panne ! Donc pas de train pour nous.. Nous avons appris plus
tard qu'il ne fonctionnait plus depuis 3 semaines car des rails
avaient été volés (le fer coûte très cher..). Grosse déception,
et du temps perdu.
Atelier de fabrication d'objets en bois
Le lendemain, visite de la seule
exploitation théicole (production de thé) du pays. Puis descente
vers la mer, à Manakara, pour faire ce que nous aurions du faire en
train (mais en moins joli, malheureusement). Arrivée le soir au bord
de l'océan indien.. Première rencontre pour Sophie !
Le thé.. On a appris que thé vert ou thé noir, peu importe, c'était la même plante, mais pour le thé vert, ils ne gardent que les 3 petites feuilles supérieures !
Le quatrième jour, nous sommes partis
faire un tour en pirogue sur le canal des pangalanes (les taxes, en
malgache) et Fred s'est baigné dans l'océan (pour ceux qui
connaissent Sophie, vous ne vous demanderez pas si elle s'est
baignée). Nous avons vu une école avec 2 classes : la
maitresse des CP avait une classe avec 80 gamins, et ce jour là, le
maitre des CE1 étant absent, elle avait le droit de s'occuper des 25
CE1 en plus. Avec 35° dehors et au moins autant dans la classe, et
des classes pas plus grandes que les nôtres, ça ne semblait pas
être une sinécure ! Cela dit, quand nous sommes entrés, elle
leur a dit de se lever, et comme un seul homme, ils ont dit « bonjour
monsieur, bonjour madame »... Bon...ben les copines et copains
instits, on a du taff ! Nous avons ensuite mangé avant de
repartir vers la forêt tropicale, où nous sommes arrivés le soir.
La pirogue
La classe de 80 (mais ce jour là ils ne sont qu'une soixantaine, trop fastooooche!)
Sur la route pour Ranomafana, un village
L'arbre du voyageur, un des symboles de Mada
Le jeudi, nous avons fait une belle
balade dans la forêt de Ranomafana. Avec une guide pour nous tous
seuls, et un pisteur (le pisteur part dans la forêt, hors du
sentier, pour repérer les bêbêtes, et appelle la guide quand il en
a trouvé, ce qui évite aux touristes d'aller se gaufrer dans les
arbres le nez en l'air à la recherche de l'animal), nous sommes
partis en quête du lémurien ! Et du lémurien nous vîmes !
Du lémurien roux, du lémurien mangeur de bambou et du lémurien
gris. Le lémurien mangeur de bambou est tellement fan de pousse de
bambou que nous avons pu rester à moins d'un mètre de l'un d'entre
eux pendant qu'il rousillait sa plante, pendant 5 minutes, sans qu'il
ne bouge. Et c'est là que nous avons fait une grande découverte :
pour tous ceux qui ont déjà dormi avec Fred, vous savez qu'il fait
un bruit fort étrange en dormant (grattement de gorge à cause de
ses allergies).. Et bien les lémuriens font exactement le même !
Il a donc pu communiquer aisément avec eux, et les appeler à
travers la forêt sans difficultés. Pratique ! Nous avons aussi
rencontré beaucoup de magnifiques papillons, des petites grenouilles
et des libellules de toutes les couleurs. La balade nous a pris
presque toute la journée et en fin d'après midi nous sommes allés
nous baigner aux thermes malgaches, dans une eau à 35°C. Bien
agréable après une journée à se balader dans la forêt.
La journée aurait été super si nous
n'avions vécu un drame le soir. Et là je (et c'est donc Sophie qui
s'exprime ici) me dois de faire une parenthèse, au risque de me
faire charrier jusqu'à la fin des temps mais c'est un problème que
nous rencontrerons régulièrement dans ce voyage et pour que vous
viviez cette aventure avec nous, il faut que vous le connaissiez.
Nous le savions tous les deux en partant, mais Fred n'avait peut être
pas réaliser la portée du problème. Voyez-vous, certaines
personnes ont peur des araignées. D'autres des serpents. Certains
des rats. Et bien, aussi inattendu soit-il, moi, j'ai peur, mais
alors vraiment, vraiment, très peur, ça tient de la phobie, je ne
peux pas regarder, je me sauve, je ne peux pas dormir si dans la
pièce il y a...un lézard. Voilà, c'est dit. Je suis terrifiée par
les lézards, absolument terrifiée, et je n'y peux rien ! Le
drame du soir donc, ce fut un lézard qui était entré dans la salle
de bain.. Fred a donc du combattre le lézard, l'attraper et le
remettre dehors, sauf qu'entre temps le lézard lui a échappé, et
il a donc du le récupérer dans la pièce, avec sa femme qui, il le
savait, ne pourrait jamais dormir s'il ne sortait pas cette bête..
Pour le meilleur et pour le pire, mon trésor !
A la recherche du lémurien perdu..
On l'a trouvé, et il n'en a pas été perturbé dans son repas !
Le lémurien roux
Le lémurien gris
Cherchez la grenouille :-)
Sur un pont, comme d'hab'!(on a des beaux chapeaux hein!)
Le lendemain, nous avons quitté
l'humidité et la forêt pour nous rendre vers l'absolu contraire :
la sécheresse et l'absence de végétation de Ranohiry. Au fur et à
mesure que nous roulions, nous avons vu le paysage changer, les
arbres disparaître et les troupeaux de zébus s'agrandir. En effet,
nous avancions vers « le pays des grands troupeaux de zébus »
et ce surnom s'est révélé plus que justifié car nous en avons
croisé des dizaines et des dizaines comprenant à chaque fois au
moins 50 zébus. Jimy nous a expliqué que l'ethnie qui vivait dans
l'Isalo (massif où nous allions passer 2 jours) avait même une
tradition concernant les zébus : avant de pouvoir se marier, un
homme doit avoir en avoir volés à quelqu'un.. (Sophie a donc fait
remarquer à Fred que lui n'avait pas volé de zébu avant de
l'épouser... Comme il était prêt à lui voler une vache en
rentrant en France, elle a échangé la vache contre 15 000 « sorties
de chambres » de lézards.. Normalement, elle est tranquillle
pour quelques années !) Le rite du vol de zébu était la
première tradition un peu...étrange que nous avons appris
concernant cette ethnie. Une autre étant qu'ils pratiquent encore la
polygamie (contrairement au reste de l'île!). Les autres viendront
plus tard.
Char à zébus sur la route pour Ranohiry
Les zébus, les zébus et les zébus
Nous sommes arrivés dans un charmant
hôtel, où nous étions seuls à part 2 russes (parfois nous étions
totalement seuls dans les hôtels.. Période non touristique, c'est
un peu étrange quand on a pas l'habitude!).
Le lendemain, départ pour le massif de
l'Isalo dans lequel nous avons fait une balade magnifique (sous la
chaleur!). Entre les pierres rouges, le cirque et la vue sur la
vallée, nous en avons pris plein les yeux. Au cours de la balade,
nous avons vu des tombeaux dans la montagne.. Le guide (encore un
guide pour nous 2) nous a expliqué qu'ici, chaque famille devait
trouver 2 trous dans la montagne : un pour faire un tombeau
provisoire à ses morts, un pour faire un tombeau définitif. Le
tombeau provisoire doit rester assez accessible, et est fermé par
des pierres. Au bout de 3 ou 4 ans, on ressort le mort, on le
« déballe » (car on l'a embaumé) et on fait la
cérémonie de retournement des morts (tout est dans le nom je
crois!), et on fait une grande fête où tout le village vient
manger. On tue un ou deux zébus pour l'occasion. Ensuite, on remet
le mort dans un cercueil plus petit (forcément, il a perdu en
taille!), et on va le mettre dans le tombeau définitif. Le tombeau
définitif est beaucoup plus difficile d'accès dans la montagne, on
doit donc utiliser des cordes pour remonter le cercueil. Chaque
famille dans le village a donc ses 2 tombeaux.. La cérémonie de
retournement des morts est généralisée dans Madagascar. Par contre
dans le reste de l'île, les morts sont dans des tombeaux, souvent de
beaux tombeaux d'ailleurs, qui valent chers. La cérémonie vaut
chère aussi, donc toute la famille est mise à contribution. On
considère là bas qu'il y a une vie après la mort et il est donc
plus important d'être bien après la mort que durant la « vie
sur terre » car la vie après la mort est plus longue..
Dans le creux, on aperçoit des pierres empilées..c'est le tombeau provisoire
Sur la droite du rocher, au milieu, vous voyez une petite cavité creusée sur la largeur..C'est le tombeau définitif ! (Oui, faut le chercher, et faut le vouloir hein!)
Le superbe cirque ! (on ne fait pas de remarque désagréable demandant à Fred pourquoi il n'a pas poussé Sophie hein!)
Des petits baobabs, qui ont 50 ans tout de même !
En redescendant, nous avons mangé sur
un terrain de camping près d'une rivière, et nous avons revu des
lémuriens, des makis cette fois ci, le symbole de Madagascar !
Tant mieux, parce que Sophie avait déclaré qu'elle ne quittait pas
le pays sans en avoir vu (ça nous aurait un peu mis dans la panade
pour la suite du voyage, certes..). Ensuite, nous sommes repartis en
balade vers 2 piscines naturelles, et avant d'y arriver nous avons
traversé le jardin magique ! Alors qu'avant nous étions dans
un désert rocheux, nous nous retrouvions dans une végétation
abondante, entre deux rochers, avec une rivière coulant au milieu.
Jamais nous n'aurions imaginé qu'il y avait un tel endroit ici !
Arrivés aux piscines bleue et noire, devinez qui s'est baigné ?
Gagné !
Nous sommes ensuite retournés à notre
hôtel, après une bonne balade de 7heures (5heures de marche
effective faut pas exagérer, il faisait très chaud quand même), et
pas d'incident de lézard dans la chambre cette fois ci !
Maki maki maki !!
Le beau jardin, la belle piscine...
Les deux jours qui ont suivi, nous
sommes remontés sur Tana, donc nous avons réemprunté les mêmes
routes.
Voilà comment on livre le pain là bas!
Des routes barrées tous les 40 ou 50 km
par des barrages de policiers/gendarmes.. Nous n'étions arrêtés
qu'une fois sur 6 ou 7 peut être, et n'avions qu'à montrer les
papiers de la voiture pour être tranquilles. Mais nous avons appris
par Jimy que les taxis brousse (les « bus », ou plutôt
camionnettes transformés en mini bus relativement inconfortables
diront nous) qui font le trajet entre 2 villes sont systématiquement
arrêtés. Et à chaque fois, ils doivent donner 1000 ariary (30cts)
pour que les policiers (qui n'en sont peut être pas toujours
apparemment) les laissent partir sans chercher de problèmes à leur
taxi. Si le chauffeur ne donne rien, le policier va forcément
trouver quelque chose à redire sur le taxi car vu l'état de tous
les taxis brousse c'est certain qu'il y aura à redire, et il aura
une amende plus élevée que les 1000 ariary. Vu le nombre de taxis
brousses qui circulent, les policiers en arrêtent un pâquet chaque
jour ! Si cette pratique est si généralisée, et la corruption
en général, c'est que comme le gouvernement s'est complètement
disloquée il y a quelques années (cf article précédent), les
fonctionnaires n'ont plus vraiment été payés, ou très très en
retard. Donc ils ont du trouver un moyen de vivre eux aussi.. Et
comme il n'y avait plus personne pour les controler, ou les « punir »
de cette corruption, cela a pris de très grosses proportions.
Au cours de ces 9 jours de visite, nous
avons découvert de magnifiques et très divers paysages et une faune
et une flore abondantes, préservées et superbes. Nous en avons bien
profité, et Fred a découvert le Sud du pays, qu'il ne connaissait
pas, et Sophie a découvert Madagascar autrement qu'à travers Tana,
ce qui était important.
Nous avons surtout rencontré beaucoup
de personnes gentilles et serviables. Nous avons souvent rencontré
une certaine misère, qui, bien qu'elle soit très différente de
Tana, est toujours difficile pour les européens aisés que nous
sommes. Les enfants qui accourent vers vous pour vous demander des
bonbons, des cahiers, des vêtements, quand vous descendez de la
voiture vous rendent toujours assez mal à l'aise. Les gens qui vous
voient partout (sans vous détailler de la tête aux pieds ils vous
voient forcément) peuvent aussi déranger parfois, car jamais vous
ne passez inaperçus. Il y a des touristes qui arrivent dans des
villages et qui distribuent des bonbons aux enfants, qui sont
contents de les voir accourir ainsi. Ils ont le sentiment d'avoir
fait leur bonne action apparemment, d'après ce que nous disait Jimy,
qui lui était toujours très gêné de ce type de comportement car
il disait que ces enfants ne pouvait pas se brosser les dents,
évidemment, et que le sucre était très mauvais pour leurs dents.
Je ne sais pas si on peut se contenter de ce regard là sur ce pays,
de distribuer des bonbons à des enfants sans godasses, qui ne vont
pas à l'école, qui mangent du riz et des brèdes et du riz, et de
remonter dans son bus après avoir pris une photo avec les enfants et
leur bonbon. J'espère que personne ne porte que ce regard..
Notre regard était un peu plus dur, un
peu plus triste. On ne pouvait que constater que toutes ces dernières
années, à part s'être servi et avoir arrosé ses copains, le
président n'avait rien fait pour son pays, et ça piquait les yeux
de voir tant de possibilités gaspillées. Mais malgré ça, les gens
vivent. Les gens vous sourit. Les gens vous aident. Peut être que
nous avons eu de la chance. Mais il faut tout de même dire une
chose : on a souvent l'impression que poser les pieds sur le
seuil malgache est comme de se rendre à l'abattoir. On a entendu les
histoires des français assassinés à Nosy Bé et on en a rajouté
une couche en disant que c'était vraiment un pays très dangereux et
des centaines de touristes ont annulé leur voyage. Nous ne nous
sommes pas sentis en danger. Jamais. Certes Fred s'est rendu dans un
quartier très chaud de Tana pour chercher des matériaux un jour, et
il était content d'être avec le maçon du centre, parce que sinon
il aurait eu peur. Cela dit, il y a des quartiers en France où
Sophie ne partirait pas se balader toute seule ! Et elle n'est
pas la seule. Personne n'a jamais été agressif envers nous. Même
quand nous avons honteusement marchandé (allez, 60% de moins que le
prix de départ!) sur le marché de Tana, les commerçants ont rigolé
avec nous, et joué le jeu. Même quand Fred a marchandé le guidage
dans le parc de l'Isalo, quand il est entré dans la rizière pour
cueillir le riz, quand nous ne donnions rien aux enfants dans les
villages, quand nous demandions juste à nous asseoir aux tables des
resto pour manger notre pique nique sans rien consommer.. Toujours un
sourire. Nous avions un chauffeur, et cela aide sans doute, cela nous
rassurait peut être aussi (Sophie en tout cas, au début).
Le mot de la fin sur Mada, il est dur à
trouver. Mais après toutes ces lignes, vous l'aurez compris, nous ne
pouvons que vous dire d'y aller. Poser les pieds là bas vous les
remet sur terre. Allez y, parce que c'est très joli, allez y parce
que les gens sont adorables, allez y parce qu'il y a tellement de
jolies choses à ramener, allez y parce qu'il y a tellement de choses
à apprendre... Allez y enfin et surtout parce qu'il est nécessaire
un jour de voir la vraie misère, pour ouvrir les yeux sur nos
vies, et pour relativiser grandement nos bobos. On n'en revient pas
indemne, on en revient un peu cassé, mais la blessure est
importante.
On attend longtemps les nouveaux récits et nouvelles images... et on en ressort toujours avec les mêmes sentiments, les mêmes émotions...
RépondreSupprimerMerci, vraiment, de nous faire partager ça Sophie et Fred, et effectivement de nous permettre ces "quelques" mises en perspective de nos vies.