dimanche 13 avril 2014

Madagascar - première étape !

Madagascar.. Enfin ! On sait, on a traîné, on a pris notre temps, on vous a fait mariner pour lire cet article (ces articles!) sur ce pays tant attendu (par nous). Entre une connexion limitée à Mada et ensuite un temps restreint à Johannesburg, Singapour et Sydney, on a eu du mal. Et on avoue : on avait du mal. Comment raconter ce mois ? Comment vous faire comprendre, en quelques lignes, quelques photos, ce qu'on a vécu dans ce pays incroyable ? On va faire ce qu'on peut..

Pour nous, l'aventure Mada, c'était deux moments : 3 semaines et demi passées à l'orphelinat, et 9 jours en visite, sur la route du Sud. Pour l'instant on va se consacrer à l'orphelinat !

Fred fait partie depuis plusieurs années du comité d'une ONG qui a construit, à quelques km de la capitale (Antananarivo, que nous appellerons Tana ici:)), un centre pour accueillir des enfants. Ces enfants sont placés sous la tutelle de l'ONG par le tribunal lorsque les parents (ou un parent, un oncle, une tante, un grand parent..bref le parent restant le plus proche de l'enfant.) ne sont plus capables de s'en occuper car ils n'ont pas les moyens de les garder à leur charge. L'ONG prend alors totalement les enfants à sa charge, et ils viennent vivre au « nid de cigogne » (après avoir vécu des vies généralement terrifiantes pour les occidentaux!). C'est la mission principale de l'ONG, mais elle en a d'autres, comme l'aide d'urgence aux familles, l'aide au développement et le pôle culturel et sportif.

Il faut quand même se mettre dans l'ambiance, pour celui qui n'est jamais allé à Mada, ou jamais allé dans un pays très très pauvre (Madagascar étant un des 5 pays les plus pauvres au monde, la situation s'étant terriblement empiré ces 12 dernières années et surtout ces 5 dernières.. les malgaches attendent énormément de leur président fraîchement élu!).
Tana et alentours, c'est le bordel. Des embouteillages sans arrêt, embouteillages de 2 CV, 4L, 4x4, « bus » de ville (sprinter en fait), et pousses pousses. Là au milieu, les gens marchent, traversent n'importe où, sont au milieu de la route, et nous regardent en disant « salut, vazaha ! » quand on passe (bon, ça, c'est pour nous, parce qu'on est blancs, et qu'on a l'air de 2 touristes^^c'est toujours dit gentiment, heureusement). Depuis août, se rajoutent à tout ça les immenses tas d'ordures, car il n'y a plus de ramassage... Donc autant dire qu'en mars, ça commençait sérieusement à faire de très gros tas, et que ça commençait à faire sérieusement malsain quand on voyait les déchets qui tombaient dans la rivière... Etonnant que la peste ne soit pas encore arrivée jusque là puisqu'il y a eu des cas de peste ailleurs dans le pays. Et sur ces tas d'ordures, des gens régulièrement qui cherchent...sans doute des restes de nourriture ? Ou des bouteilles en plastique ou des boites de conserve à revendre.. Alors voilà, Tana, c'est tout ça, avec partout, partout, partout, des gens, souvent très, très pauvres, des enfants pieds nus, aux vêtements déchirés, au regard à vous fendre le cœur. Et des enfants, il y en a beaucoup, et ils nous ont beaucoup regardé..Parce que quand on est blanc, là bas, on vous regarde.. Et on attend de vous .







Fred connaissait Mada, et bossant pour l'ONG depuis plusieurs années, le problème du pays, il le connaît. Pour moi (c'est donc Sophie qui parle, bande de petits malins, vous l'aurez compris, il ne m'a pas perdue encore;) ), c'était toute une découverte. Je vais vous mettre dans mes sandales 2 minutes pour vous brosser le tableau, et pour vous faire comprendre pourquoi je suis partie de l'ONG en pleurant un mois plus tard :
le 4 mars, arrivée à l'aéroport. Première étape du tour du monde, ça fait un peu peur, mais j'ai hâte de voir tout ça, j'entends parler de l'assoc' et de ce pays depuis si longtemps.. Dans la voiture, on traverse la ville, et je vois partout des gens, qui vendent des légumes et des fruits sur le bord de la route, assis par terre, alors qu'il fait une chaleur pas possible. Avec eux, tout le temps, des enfants, tout petits. Les plus grands vendent aussi, ou sont déjà en train de bosser chez les artisans (quand je dis grands, j'entends 10 ans). Je vois la viande posée sur les étals directement sur le bord de la route, sans rien autour évidemment, le linge en train de sécher sur le toit des "maisonnettes" de 6 mètres carrés, les poules rachitiques sont au milieu de la route, les chiens avec elle, on traverse des routes où les bosses font 70 cm de profondeur (et on apprendra plus tard que cette route est la mieux des 2 pour venir à Tana), ils sont tous beaucoup trop habillés, la moitié n'a pas de chaussures ou des chaussures défoncées, et tous ces gamins sont dans la rue (et là, c'est l'instit' qui parle). Et tout ce temps, je n'arrête pas de me dire «j'aurais jamais pensé que c'était à ce point là ». Alors quand on est arrivés au centre, qui est magnifique, plein de fleurs, immense, et où règne une ambiance sereine, zen et où les 41 gamins respirent le bonheur, forcément, j'ai adhéré !

La route "trouée" que nous fréquenterons plus tard...!



Dans le fond, on peut voir Tana

Et c'est comme ça qu'on a passé 3 semaines et demi. De temps en temps à Tana, pour chercher des matériaux pour faire des travaux dans le centre, pour chercher de l'artisanat ou pour rencontrer des artisans qui devaient faire des travaux dans le centre (surtout Fred, qui s'est avéré être un chef de chantier accompli, qui est bilingue malgache, et qui marchande comme pas deux, Sophie sait donc que dorénavant il va venir dans toutes ses virées shopping, pas de bol!!). Mais la plupart du temps, nous étions au centre. Fred essayait de gérer les avancées de travaux (au rythme malgache.. on s'adapte!), et de trouver des accords avec la commune pour un nouveau projet. Sophie passait beaucoup de temps dans la classe éveil (classe maternelle, ouverte il y a peu au centre, pour les enfants les plus pauvres du village car il n'y a pas de maternelle publique à Madagascar) pour travailler avec les 2 maîtresses. Elle passait beaucoup de temps avec les enfants en général !
 Dans le joli jardin..

Les enfants de l'espace éveil

 Préparation de la classe avec Zaco, la maitresse de l'espace éveil

 Les devoirs..


 Super cigogne dans le "nid de cigogne" avec les zazakely


 Bako la cuisinière dans son fief (qui nous a choyé pendant tout notre séjour!!)

 Le centre, un matin


En bref, on a fait la fête, on a dansé (bien moins bien qu'eux!), on a joué au loto, on a fait des jeux, on a fait des devoirs, on a inauguré un bâtiment (l'espace éveil en plus!), on a très bien mangé, on a joué aux cailloux et au ballon (surtout Sophie), on a porté des petits, on s'est moqués des grands, on a ri.. Et on est repartis, le cœur très gros, avec beaucoup de petits zazakely (petit enfant en malgache, et le nom de l'ONG par la même occasion) dedans.. Le camion (et une douzaine de gamins) nous a raccompagné à l'aéroport, et je n'ai pas vu la route de la même façon. Parce que ce que je ne savais pas à l'aller, c'est que malgré toute cette pauvreté, on serait reçu partout toujours très gentiment, et avec le sourire par les habitants de ce pays. Et surtout que ce serait la route de la maison, parce qu'on a eu l'impression de re-quitter la maison en partant du centre.

 Les grands avant la fête

Les petits font une chorégraphie pour fêter l'anniversaire de Frédéric et de Tina 

 Fred a plein de nouveaux copains!


.. Et Sophie aussi ! Olivia est une de ses nouvelles grandes copines :)


Quand on connaît l'histoire des enfants qui vivent au centre, et de quel enfer ils sont, pour la plupart, sortis on se dit qu'ils sont entrés dans une bulle magique créée là bas. Et qu'on a eu de la chance de pouvoir y pénétrer un peu.

2 commentaires:

  1. J'ai mis le temps avant de commencer à lire, mais ça en valait la peine ! Les photos sont magnifiques, et même derrière mon écran belfortain j'ai ressenti une sacrée émotion.

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